Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
latizaymagazine.over-blog.com

“Ti Sentaniz Libere”, ETJASA rallonge le travail de Maurice Sixto

“Ti Sentaniz Libere”, ETJASA rallonge le travail de Maurice Sixto

 

“École de Théâtre Jacques Stephen Alexis” (ETJASA), un nouvel espace d’apprentissage du théâtre a vu le jour dans le département de l’Artibonite le 18 mai 2020, (date de sa première présentation « Po n ak San n »)  dans les rues de la cité de l’indépendance. Depuis, le travail ne cesse d’agrandir. En dépit de toutes les difficultés, ETJASA apporte un nouveau souffle à la création dramatique. Cela se confirme par sa grande prestation lors de sa deuxième apparition ce dimanche 2 août 2020 à l’Alliance Française des Gonaïves avec la réadaptation de la célèbre audience  «TI SENTANIZ » de l’un de nos plus grands audienceurs; Maurice A. Sixto.

Écrit en 1976,  Ti Sentaniz est une œuvre célèbre de l’audienceur haïtien Maurice A. Sixto. Dans sa séquence Choses et gens entendues, l’humoriste a fait un travail extraordinaire, il fait paraitre ce qui  était jusqu’alors informulé, il exhibe la réalité du pays et les problèmes sociaux qui nous gangrènent depuis plusieurs décennies. Ti Sentaniz est l’œuvre qui traduit le mieux la situation des domestiques en Haïti. Il est fort probable que la pertinence de ce travail a même poussé l’état haïtien à ratifier la Convention relative aux Droits de l’Enfance 1994 et a mis sur pied l’institut de  Bien-Être  Social et de la Recherche afin de protéger les enfants. Cependant, le travail n’est pas fini, car le problème persiste et c’est dans cette dynamique qu’ETJASA inscrit sa représentation : Ti Sentaniz libere.

Il est certain que les travaux de Maurice Sixto ont traversé les époques et aujourd’hui encore ils sont d’actualité. Dans son travail, Maurice Sixto expose le problème des “restavèk” en Haïti et décrit de manière incisive leur criante réalité, mais l’originalité  du travail d’ETJASA c’est d’interpeller la société, les organismes des droits de l’homme et des droits de l’enfance en particulier à se pencher réellement sur leur cas, de poser des sanctions concrètes en leur faveur et agir promptement pour sauver ceux qui restent. Parce que ces enfants vivent forts souvent dans des conditions inhumaines.

Ce dimanche 2 août, les choses ont été différentes. Gonaïves était sur le feu des projecteurs, l’alliance française a été sur toutes les lèvres et tous les esprits se focalisaient sur l’imminente libération de Ti Sentaniz. Mais avant ce grand moment, il y eu une panoplie d’artistes qui se sont défilés, pour des prestations digne d’un soir mémorable. Indubitablement la ville en retiendra. En à peine 30 minutes de retard, le public s’impatientait, il était hâte de voir le déroulement de la pièce, la célébrité de l’œuvre a captée l’attention des passionnés de l’art du spectacle vivant et à ce qu’il parait ETJASA était à la hauteur de toutes les attentes. Elle a osé un pari qui pourrait la mettre hors-jeu, mais avec un travail d’une ferme crédulité, elle a relevé le défi.  

L’École de Théâtre Jacques Stephen Alexis ne se contentait pas de réadapter l’œuvre, mais de la réinventer afin de la donner une nouvelle vie. Dans le travail de Sixto, sous les yeux et sous le toit d’un politicien qui lisait de grands livres sur les droits humains, Ti Sentaniz subissait les pires traitements, et servait parfois d’objet sexuel et personne ne dit mot. Tandis que, dans la mise en scène proposée par ETJASA, l’organisation FANM DJANM se sentait indigner, dit non à la funeste situation de la fillette et la libère de sa chaine. Ti Sentaniz Libere, une création qui nous incite à participer au changement réel. Arrêtons d’être des observateurs ! Arrêtons d’être des comparses dans un drame où nous devrions être acteurs !

Aujourd’hui, certaines actions doivent soulever la curiosité de tout un chacun, nous emmener à réfléchir et à proposer. Ce qui est sûr, notre société est bourrée de Ti Sentaniz, parce qu’elles ne sont pas seulement des fillettes, mais tous ceux qui vivent dans une situation semblable à celle racontée par l’audienceur. Ici, on ferme les yeux sur tout ce qui mérite l’attention, maintenant il est temps de dire assez et se battre pour le changement qu’on attend. Le théâtre est peut-être l’outil idéal pour rétablir l’équilibre dans une société en déséquilibre et donner une alternative.

Il est vrai que les conditions de création des troupes sont difficiles, le manque de ressources financières pèse lourd, surtout pour celles qui s’évoluent dans les villes de province. Mais, cela n’empêche en rien les aficionados du théâtre de continuer dans leur quête, rêvant un jour que cela change. Espérons que d’autres représentations de ce genre voient le jour afin de mettre à nu d’autres situations aberrantes qui continuent d’accabler notre quotidien.

 

 

 

 

 

Judeson SEULEMENT

judesonseulement@gmail.com

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article